Paris Versailles
22e vague
« 34 35… » On avance dans de petits couloirs de barrières métalliques, compté par des scouts pour entrer dans un enclos,
« Allez la 22e vague, je ne vous entends pas!! »Déjà on est parqué, maintenant tu veux nous faire hurler, c’est pas parce que tu t’appelles Teddy Riner que tu commandes!!
"2,1 partez » Contrairement à beaucoup de courses, partir par vagues permet de fluidifier et on peut tout de suite courir sans être bousculé. C’est très agréable.
On a attendu à peu près une heure, il faisait frais et beau. On se fait faire une photo de groupe, on fait des selfies, on est sous la tour Eiffel. Je me suis aperçu qu’au 1er étage, il y a une bande tout le long avec des noms inscrits visiblement connus, puisque je reconnais quelques chimistes ou physiciens, mais la grande majorité totalement inconnue…Je devais avoir piscine le jour de ces cours!!
Les 5 premiers KMS, légère pente descendante quasiment tout le temps avec passage sous un tunnel. je décide de partir très doucement, une douleur au dos depuis quelques jours et surtout retour d’une semaine à Venise avec ma femme pour nos trente ans de mariage.C’était bien Venise, le grand canal, les vaporettos, les palais, les pizzas, le prosecco, les Spritz…Ouais, vous en avez rien à foutre, je vois. N’empêche qu’une semaine juste avant paris Versailles, c’est un handicap!
Donc je pars doucement. Ravitaillement au 5e km.Puis on tourne à gauche, et c‘est la côte des Gardes.
Anne nous a expliqué, il y quelques jours, que d’après un ami qui court le marathon pieds nus (nul n’est parfait) il fallait suivre les jambes d’un coureur pour éviter de voir la pente. Ce que je fais. J’imagine, évidemment, les machos du groupe pensant quelles jambes j’ai choisies..Que nenni. Je suis incapable de dire si c’était une fille ou un garçon, la seule chose dont je me souvienne, c’est qu’au-dessus des jambes il y avait une jupette. Attention, garçons, au départ, on nous a annoncé la présence d’écossais, j’étais probablement derrière un Ecossais…
J’en profite pour éliminer 2 idées reçues :
1) L’écossais n’a pas de poils aux pattes,
2) L’écossais porte des sous-vêtements.
La côte est longue, enfin le sommet. Ravitaillement, quartiers d’orange, eaux. De chaque côté des bâches tendues pour recueillir les bouteilles d’eau usagées. Bonne idée. Heureux de cette initiative, je jette ma bouteille qui tombe à côté. Je me retourne en voulant m’excuser « j’lai pas fait exprès «
Débarrassé de cette longue montée commence un moment agréable dans la forêt, la route est plutôt descendante ou plate ou légèrement montante, ça roule.Je commence à sentir ce moment où justement tu ne sens plus rien, tu es bien, très bien, plus de douleurs articulaires, un rythme respiratoire sans effort, tout va bien.
J’ai un ami dont la philosophie est « no sport » qui m’a dit avant que je parte : « je préfère descendre une bouteille de côtes du Rhône que monter ta Côte des Gardes »
Mon Paulo, d’abord on peut faire les deux, ce que je pratique régulièrement avec toi, mais ces moments où tu coures avec la sensation d’un bien-être total, de ne plus avoir ce petit vélo dans la tête, c’est très enivrant!!
Je suis tellement bien que je n’est pas peur d’affronter la côte du cimetière. En bas une fanfare, la vraie fanfare de village. ils sont habillés avec des vêtements de fanfare, ils jouent une musique de fanfare, ils ont un rythme lent de fanfare et juste avant de monter, la musique est mortelle (blaguounette pour Jean Philippe). Montée sans problème et quasiment sans effort puis la large et grande avenue de Paris qui n’en finit pas.
On passe l’arrivée. On se retrouve tous à notre point de ralliement, certains sont déjà arrivés (salauds, vous auriez pu nous attendre!) d’autres arrivent (désolé, on aurait pu vous attendre!) tout le monde est heureux.
J’y pense maintenant, notre point de ralliement c’était Dublin. Je me demande si mon écossais n’était pas Irlandais??